Inspiration et plaisir.
Inspiration...
Inspiré par Hadrien : le regard de sagesse d'un homme d'action, le regard de lucidité d'un homme de son temps, de tous les temps, dans ses contradictions, avec ses pouvoirs, ses limites, et la connaissance qu'il en tire.
« La grammaire, avec son mélange de règle logique et d'usage arbitraire, propose au jeune esprit un avant-goût de ce que lui offriront plus tard les sciences de la conduite humaine, le droit ou la morale, tous les systèmes où l'homme a codifié son expérience instinctive. »
Inspiré par Marguerite Yourcenar et le travail d'écriture, de reconstitution, de création, d'incarnation qu'elle a mis dans ces page. En plein milieu de ma lecture, je me suis plongé dans ses notes pour y retrouver la profondeur des années de travail passées sur ce projet, comme quelqu'un qui, en pleine représentation de théâtre, ne pourrait s'empêcher de débarquer en coulisses pour saisir le travail des acteurs, les trucages, les costumes et les maquillages utilisés, les textes et y compléter son ravissement...
« Avoir vécu dans un monde qui se défait m'enseignait l'importance du Prince. »
...et plaisir
Plaisir de la relecture au « bon » âge. Je l'avais déjà lu vers trente ans, suite à une simple phrase tirée du livre, citée sur un forum Internet « Si les barbares s'emparent jamais de l'empire du monde, ils seront forcés d'adopter certaines de nos méthodes; ils finiront par nous ressembler ». Mais cette seconde lecture à quarante-deux ans m'apparaît beaucoup plus bénéfique, plus profitable.
« On n'a rien compris à la maladie, tant qu'on a pas reconnu son étrange ressemblance avec la guerre et l'amour : ses compromis, ses feintes, ses exigences, ce bizarre et unique amalgame produit par le mélange d'un tempérament et d'un mal. »
Plaisir d'être frappé par certaines phrases que j'ai pensées de mon côté parfois avec exactement les mêmes mots.
Plaisir aussi des messages venus de l'Antiquité et donc empesés de dure sagesse et de rude profondeur, que souffle malicieusement Yourcenar à Hadrien. Des moqueries de la guerre économique moderne, un zeste de marxisme, la critique de la télé avant la télé :
« Je doute que toute la philosophie du monde parvienne à supprimer l'esclavage : on en changera tout au plus le nom. Je suis capable d'imaginer des formes de servitude pires que les nôtres, parce que plus insidieuses : soit qu'on réussisse à transformer les hommes en machines stupides et satisfaites, qui se croient libres alors qu'elles sont asservies, soit qu'on développe chez eux, à l'exclusion des loisirs et des plaisirs humains, un goût du travail aussi forcené que la passion de la guerre chez les races barbares. »
Et même une église catholique peu probable citant un proche qui « s'inquiète de voir un jour le pastophore de Mithra ou l'évêque du Christ s'implanter à Rome et y remplacer le Grand Pontife »!
Merci à Jacquie de me redonner l'occasion de m'y plonger. Mon souvenir était en fait plus fade et incomplet que mon plaisir actuel.
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